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vendredi, 10 juin 2011
J'aurai pu chanter...
J'aurai pu chanter "Montaigne"
Au coin de l'avenue des Champs Elysées,
Sous l'oeil goguenard des touristes nippons,
Mais il aurait fallu pour cela que je reprenne mes chères études,
Et je crois que je suis trop vieux.
J'aurai pu chanter "Erasme" dans la langue italique
Au noble frontispice des Facultés
Je m'étais d'ailleurs entraîné à scander la nuit en pleine rue:
"Ô Desiderius Erasmus Roterdamus"!
Mais, faut-il le préciser ici : je ne suis qu'un apprenti latiniste.
J'aurai pu chanter la belle "Ariane"
Sans aller jusqu'à Kourou en Guyane,
Guidé par la mythologie bien plus que par l'astronomie
Mais en ouvrant Monsieur Littré,
Un charme soudain m'a fait perdre le fil.
J'aurai pu chanter "Roland-Garros"
En faisant la manche près de la Porte d'Auteuil
A l'ombre des marronniers en fleurs, pendant que les joueurs
Glissent sur la terre battue
Mais qui se souvient du sieur Garros, l'aviateur?
Et à quoi bon refaire une chanson pour Roland?
J'aurai pu chanter,
J'aurai dû chanter,
Et finalement j'ai tout aussi bien fait de me taire
Et d'écouter les oiseaux qui n'ont apparemment rien à dire
Mais qui le disent si bien qu'on croirait qu'ils nous parlent.
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